humidité des liens

on est dimanche un ciel pourri

s’est installé sur la montagne

il me semble n’avoir pas ri

depuis la mort de charlemagne

dans la maison tout est rangé

l’amour le linge et la vaisselle

au fond de moi le vrai danger

j’ai toujours su que c’était elle

j’avais cinq ans je la craignais

comme les grosses araignées

j’en ai deux mille et toi tu bailles

il n’y aura pas eu d’ailleurs

et pas non plus de jours meilleurs

rien que l’eau grise des combrailles

trois étoiles

dans la chambre d’hôtel

où nos corps s’indiffèrent

un silence éternel

égaye l’atmosphère

repos calme et confort

annonçait la brochure

nous avons fait très fort

pour un soir de rupture

pas un souffle dans l’air

pas un mot de travers

la nuit est immobile

et dans cette eau qui dort

nous jouons à la mort

au milieu de la ville

dernière démarque

j’ai rêvé quelques fois

ce bonheur accessible

que la peur d’être soi

met au cœur de la cible

la présence d’un corps

endormi dans l’attente

et peuplant le décor

de son ombre vivante

les amis les cadeaux

le beaujolais nouveau

et la crème antirides

l’agenda qu’on remplit

pour calmer dans l’oubli

l’évidence du vide

infiltrés

nitrates et phosphates

qu’ils sortent l’air hautain

en costume cravate

d’une usine à zinzins

ou pour les plus modestes

du cul des intestins

en espérant la sieste

et la fosse à purin

nitrates et phosphates

partent à quatre pattes

vers la mer sauront-ils

se fondre dans la foule

des algues et des moules

et des poisons d’avril

quasimodo

un séjour à sainte-anne

les voix m’ont répété

pas la pipe à butane

putain ça va péter

des paquets de piqûres

des cachets un deux trois

camisole à l’usure

dans un coin d’angle droit

tout vaseux vague à l’âme

j’ai rejoint notre-dame

le démon s’endormait

j’ai craqué l’allumette

marie et les playmates

fumaient le calumet

extra ball

l’été ferme boutique

les cons sont déjà loin

seul un sac en plastique

tourne autour du rond-point

oubliés sur le sable

il reste quelques vieux

et des masques jetables

dans le même état qu’eux

je regagne ma chambre

le soleil de septembre

ne réchauffe plus rien

la voilà l’aventure

tous ces jours qu’on endure

et l’hiver qui revient

album photo

elle avait la beauté

des femmes inconnues

qui dansent tout l’été

sous mon nez presque nues

et le charme précieux

de la mélancolie

qui cache dans leurs yeux

l’ombre d’une autre vie

il me semble parfois

le timbre de sa voix

comme un éclat de rire

ses lèvres à jamais

j’aurais tant dû lui dire

mon dieu que je l’aimais

matinales

congé confidentiel

point de mire on s’en doute

ton sourire arc en ciel

au bout de l’autoroute

le beau bonheur alors

le tien le mien le nôtre

et celui de nos corps

impatients l’un de l’autre

et ce secret plaisir

près de toi m’endormir

pour retrouver immense

comme au pied du sapin

la joie de ta présence

dans les draps du matin

cloacaca maxima

il coule triste et sale

au fil des jours mauvais

qui couvrent de leur gale

le bleu dont je rêvais

sa vase tiède est grise

comme le temps perdu

en qui l’âme s’enlise

malgré vice et vertu

au ruisseau ne ruisselle

plus qu’une eau de vaisselle

où mousse le dégoût

emportant vers la plaine

la salive et l’haleine

de nos bouches d’égout

pipe line

avril qu’en est-il

des vapeurs d’essence

des prix du baril

et de l’indécence

nos fleurs ont l’odeur

des puits de pétrole

pétale à moteur

tout ça n’est pas drôle

tant de carburant

pour au demeurant

n’être jamais ivre

tant et tant d’ors noirs

dans nos réservoirs

pour aussi peu vivre

magma man

on a semé partout

des règles de grammaire

du sirop pour la toux

et des implants mammaires

on a fait s’accoupler

des bons dieux en plastique

au refrain des couplets

au pas des gymnastiques

mais le four a fondu

les subjonctifs ont dû

sauter de la bagnole

et comme on le craignait

la soupe a désormais

un goût de merde molle

sur le pouce

sans arme ni bagage

assoiffés affamés

partis à l’abordage

d’îlots entrebâillés

partis à la nuit noire

au mépris du danger

pour dégoter à boire

à boire et à manger

ils ont quitté l’afrique

en canot pneumatique

et ça c’était gonflé

ils auront bu la tasse

un bouillon dégueulasse

assez vite avalé

scène de ménage

les livres alignés

dans la bibliothèque

les toiles d’araignées

qui vont si bien avec

les rêves endormis

flétris sous la poussière

les fausses alchimies

dont le monde est si fier

les mots jour après jour

tant d’eau qui nous entoure

et tant d’individus

les gouttes dans la flaque

un tas de trucs en vrac

les illusions perdues

à belle-maman

le vieux poète avec ses roses

vous a causé trop de souci

aussi faut-il entre autres choses

que l’on vous dise enfin ceci

belle-maman vous êtes belle

et plus qu’au jour de vos vingt ans

jetez ronsard à la poubelle

ne pleurez point votre printemps

car si le temps vous fit outrage

c’est à traîner à son ouvrage

ah qu’on me mette au rang des fous

mais des cheveux à la cheville

je vous préfère à votre fille

et n’attends plus qu’un rendez-vous

chaud devant

j’ai marché jusqu’à l’étang

dans les pas du temps qui passe

il restait un peu de glace

sur les flaques pour autant

difficile de prétendre

que l’hiver nous ait surpris

les vieux volcans endormis

sans la braise sans la cendre

sans la neige désormais

on le sent bien c’en est fait

des noëls et des nuits blanches

des longs mois emmitouflés

thermidor prend sa revanche

chaud devant ça va morfler

cucul la praline

même en fin de repas

quand tout se ratatine

non le tien ne vaut pas

celui de valentine

quoique d’assez bon goût

et d’ampleur acceptable

nous n’aimons pas beaucoup

le voir à notre table

trop vite consentant

trop chic et trop content

de rabâcher son rôle

il ne vaut pas le sien

certes moins parisien

mais tellement plus drôle

nuit de chine

c’était un soir de mai

tout à fait exotique

auprès de moi dormait

une belle asiatique

il montait de son corps

comme un parfum de mangue

et malgré nos accords

j’y promenais ma langue

quand je vis à son flanc

un tatouage blanc

une pâle ecchymose

et ces mots insensés

fabriqués à formose

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