dans le cloud

dans le cloud

 

j’ai lâché la planète

offert le mauvais temps

et les trous dans ma tête

à la rose des vents

 

je me suis fait nuage

éparpillé cosmos

ne crains plus ni mon âge

ni ma chair ni mes os

 

tout est devenu plume

vos enclos vos enclumes

s’enfoncent dans la nuit

 

et moi léger silence

au bord de l’infini

je danse et m’en balance

 

paru dans le n° 27 (décembre 2022) de la revue SQUEEZE


phase terminale

phase terminale

 

j’ai vécu longtemps

sans m’en rendre compte

pas trop mécontent

à ce qu’on raconte

 

je vivais de rien

ou de pas grand-chose

et ça valait bien

votre maison close

 

et puis j’ai vécu

de prêter mon cul

pour quelques centimes

 

aujourd’hui je meurs

gavé de tumeurs

et d’abcès intimes

 

paru dans le n° noir et 8 (décembre 2022) de la revue WAM!


 

"magma man", "sur le pouce", "foire du trône" (hélas tous les trois mal attribués), "la dolce vita" et "gueule de bois (hélas amputé) se sont glissés dans les pages du n°92 de la revue COMME EN POESIE...

 

publication de "foire du trône" relayée ici : C'est vous parce que c'est bien: Revue Comme en poésie n°92 (cestvousparcequecestbien.blogspot.com)


abdominales

abdominales

 

les vivants et les morts

défilaient en silence

je regardais ton corps

sans croire à sa présence

 

et toi la nuit le jour

sourde comme une mère

tu m’offrais un amour

dont je n’avais que faire

 

un amour désespoir

qui ne voulait pas voir

l’immensité du vide

 

qui s’agitait en vain

parmi l’aube stupide

et les miettes de pain

 

paru dans le n° 79 (décembre 2022) de la revue en ligne LICHEN


 

"gueule de bois" est paru dans le n° de novembre 2022 de PRO/P(R)OSE MAGAZINE


 

"fausse couche" est paru dans le n° 78 (novembre 2022) de la revue en ligne LICHEN


montée des eaux

montée des eaux

 

une pause imprévue

en plein cœur de l’hiver

trottoir d’une autre rue

marée d’une autre mer

 

cette femme endormie

son corps nu dans le noir

funambule et ma vie

sur le fil du rasoir

 

l’eau jadis empêchée

submergeant la vallée

jusqu’aux lèvres du jour

 

et la nuit qui se noie

dans les larmes de joie

d’un aller sans retour

 

paru dans le n° 12 (octobre 2022) de la revue en ligne POETISTHME


allée des mimosas

allée des mimosas

 

un pavillon moderne

merveilleux de fadeur

où deux clones en berne

empêtrés dans la leur

 

à l'abri des clôtures

et des codes secrets

déjà la moisissure

affreuse des regrets

 

déjà les mêmes gestes

les longs soirs indigestes

et la glu du confort

 

le reste pour l'hygiène

entre une peur ancienne

et l'odeur de la mort

la dolce vita (solderies)

solderies

 

dimanche après-midi

la zone industrielle

nos restes refroidis

qui battent la semelle

 

et cet ennui blafard

en guise d'aventure

il est déjà si tard

la fin déjà si sûre

 

un monde à petit prix

forcément le mépris

et le refrain des phrases

 

le vide en attendant

le bouquet lancinant

des longues métastases

chute libre

chute libre

 

des fois je voudrais tout lâcher

sauter en vol de la carlingue

juste pouvoir me détacher

avant d'être tout à fait dingue

 

juste laisser mon corps trop vieux

flotter quelques instants encore

couler les larmes de mes yeux

avant que l'ombre les dévore

 

laisser filer entre mes doigts

ce que je peux ce que je dois

et le reste une fois pour toutes

 

jusqu'à l'impact alors plus rien

que la carcasse de ce chien

béante au bord de l'autoroute

 

parus, ainsi que "humidité des liens" et "troisième glaciation", dans le n° 19 (octobre 2022) de la revue LE CAFARD HERETIQUE 


persévérance

persévérance

 

sans l’automne et les noix

que valent nos antennes

nos paravents chinois

nos codes par centaines

 

que valent désormais

nos fourbis indexables

sans les émois de mai

sans les châteaux de sable

 

pas tripette et pourtant

nous allons sulfatant

les pays et les bêtes

 

balançant dans les airs

nos pus et nos cancers

pour draguer les planètes

 

paru dans le n° 83 (septembre 2022) de la revue POESIE/PREMIERE


 

"quasimodo" est paru dans le n° de septembre 2022 de PRO/P(R)OSE MAGAZINE


midi centre ville

midi centre ville

 

la nuit ne sert à rien

et le corps est sordide

il reste au quotidien

cette impression de vide

 

comme une odeur de fruit

pourri de viande rance

la radio fait du bruit

sans casser le silence

 

je regarde au dehors

les gens ne sont pas morts

et leurs jambes s'agitent

 

ils absorbent des mots

du tabac des journaux

et des cornets de frites

épaves

épaves

 

largués les rêves de velours

et les caresses à la casse

ne reste plus que nos poids lourds

que nos châssis que nos carcasses

 

abandonnés les longs détours

de l’aventure et les audaces

ne reste plus pour le retour

que du cambouis sur nos godasses

 

dans l’odeur grasse du gasoil

entre les plumes de tout poil

et les oxydes de carbone

 

reste le ronron du diesel

et le vacarme monotone

des mots qui manquent à l’appel

état des lieux

état des lieux

 

un peu de crasse et quelques trous

de la poussière au bord des plinthes

voilà ce qu'il reste de nous

et du train-train de nos étreintes

 

planté dans cet appartement

qui sent déjà l'oubli des choses

je goûte au charme déprimant

du vide et des métamorphoses

 

c'était la fin d'après-midi

il faisait lourd et je t'ai dit

nous ne vieillirons pas ensemble

 

aujourd'hui tout m'est étranger

la rue déserte me ressemble

et je ne veux plus rien changer

 

parus dans le n° 100 (septembre 2022) du poézine TRACTION-BRABANT


auguste

auguste

 

on se disait vous

puis on s’est dit tu

c’était l’amour fou

l’été du début

 

ensemble partout

tout neufs ou tout nus

on se disait tout

puis chacun s’est tu

 

ce fut l’amour mou

pas la corde au cou

mais le super U

 

les mots du mois d’août

un jour on s’en fout

et tout est foutu

 

paru dans le n° 75 (août 2022) de la revue en ligne LICHEN


fin de siècle

fin de siècle

 

intelligence artificielle

par la fenêtre du salon

je vois la zone industrielle

plus loin darty et décathlon

 

l’amour a les genoux qui plissent

depuis longtemps nous nous taisons

plus de complots plus de complices

les gens font quoi dans les maisons

 

enfant je détestais décembre

le miel et les robes de chambre

je voudrais n’être maintenant

 

que le jouet du vent qui souffle

je nage un peu dans mes pantoufles

c’est ridicule et fascinant

un vernissage

un vernissage

 

soirée absurde et sans surprise

les gens s'emmerdent gentiment

chez moi la douleur s'éternise

et je déteste ce moment

 

au bar une vieille orpheline

parle trop fort de thalasso

sexe et bijoux je l'imagine

dans un tout autre scénario

 

comment jouit-elle où va la vie

entre le cul au bain-marie

et la détresse au fond des yeux

 

j'allume une autre cigarette

en attendant que tout s'arrête

que se distraire est ennuyeux

foire du trône

foire du trône

 

la mamelle un peu molle

et la mort au poumon

nous vivons à la colle

dans un cirque à la con

 

cancer et camisole

comme unique horizon

d’un moulin sans parole

qui ne tourne pas rond

 

métros des métropoles

bercés par le flonflon

des folles farandoles

 

à deux nous regardons

notre vie qui s’envole

et nos jours qui s’en vont

 

parus, ainsi que "viandes froides", dans le n° 18 (été 2022) de la revue LE CAFARD HERETIQUE


réinvention

réinvention

 

poésie dépressive

poison vapeurs d’opium

j’ai lancé la lessive

avalé mon valium

 

un job à la défense

reconnecté relax

on me dit que j’avance

lexomil et xanax

 

je vends du vent j’exige

numéro de voltige

dans un ciel en béton

 

mon caddie à la caisse

j’avais visé l’ivresse

et j’aurai le flacon

 

paru dans le n° 74 (juillet 2022) de la revue en ligne LICHEN


perce-neige

perce-neige

 

tes cheveux dans mon cou

tes lèvres pour le dire

les hivers étaient doux

au bord de ton sourire

 

et les étés joyeux

les fontaines profondes

le désir dans tes yeux

me délivrait du monde

 

depuis lors malgré moi

c’est ton corps que je vois

au roux des feuilles mortes

 

c’est ta voix que j’entends

dans le souffle du vent

qui passe sous la porte

 

paru (un peu cabossé) dans le n° 11 (2022) de la revue PIERRES D'ENCRE


 

"la dolce vita" est paru dans le n° 73 (juin 2022) de la revue en ligne LICHEN


tranche de vie sur mer

tranche de vie sur mer

 

hiver au bord de l'océan

hôtel désert pension complète

dans la grisaille du néant

un ciel de neige se reflète

 

la ville est froide sans effort

des volets clos des maisons vides

suinte comme une odeur de mort

et de putréfactions liquides

 

la gérante a le souffle court

pas trop de goût pour les discours

au fond que pourrait-on se dire

 

deux mouches vibrent au carreau

ici les restes d'un radeau

dehors l'épave du navire

 

paru dans le n° 6 (mai 2022) de la revue en ligne LE SOC


guerre civile

guerre civile

 

j’ai poussé la porte

et je suis entré

la femme était morte

et l’homme enterré

 

j’ai donné l’alerte

je suis ressorti

dans la rue déserte

un chat m’a souri

 

j’ai repris la route

au matin sans doute

ils auront ma peau

 

sanglots à la pelle

la femme était belle

et l’homme en lambeaux

 

paru dans le n° Hors Série "matière à panser" (mai 2022) de la revue en ligne POETISTHME


dommages collatéraux

dommages collatéraux

 

j'ai mis dans la voiture

les sacs et les cartons

en avant l'aventure

ce matin nous partons

 

à fond sur l'autoroute

nous serons imprudents

et nous verrons sans doute

de jolis accidents

 

de longs carambolages

des gens de tous les âges

pressés et compressés

 

et dans les ambulances

des morts et des blessés

qui soldent leurs vacances

 

paru dans le n° 6 (avril 2022) de la revue L'ALLUME-FEU


fête de la musique

fête de la musique

 

je chantais ta chanson

tant je la trouvais belle

facile et sans façon

moi qui ne savais qu’elle

 

du jour au lendemain

sans trop que je comprenne

la phrase du refrain

m’est devenue rengaine

 

chacun de ses couplets

maintenant me déplaît

son écho m’incommode

 

rien n’a le même goût

et je donnerais tout

pour un air à la mode

 

paru dans le n° 7 (avril 2022) de la revue en ligne LE VENTRE ET L'OREILLE


 

"pipe-line" est paru dans le n° 5 (février 2022) de la revue en ligne LE SOC


 

"persévérance" est paru dans le n° 69 (février 2022) de la revue en ligne LICHEN


babylone tango

babylone tango

 

aéroport d’orly

ton avion qui décolle

on m’a volé l’oubli

dans la cour de l’école

 

je contemple ces gens

semant à l’aveuglette

leurs gestes suffisants

de pantins à roulettes

 

habitués habituels

cadres industriels

pingouins des technopôles

 

pigeons venus d’ailleurs

et roulant leurs épaules

de commis voyageurs

 

paru dans le n° 68 (janvier 2022) de la revue en ligne LICHEN