funambules

entre les mots savants

tombés des galaxies

et ceux couleur de sang

qui sortent de nos vies

entre les cris lancés

pour tordre le silence

et ceux mal étouffés

du fond de nos enfances

entre les chants anciens

et ceux d’un quotidien

guetteur de cataclysmes

fragile et résolu

comme un pont suspendu

nous pourrions tendre un isthme

en pente

mendiants métro vomi

la fête était parfaite

peu de mots pas d’amis

mais du plomb plein la tête

avril avance il pleut

sur le pavé des places

dépliant volets bleus

mansarde à montparnasse

toits gris sous le ciel gris

parcheminé j’écris

le glouglou des gouttières

la canopée ô gué

et pour la vie entière

mon rêve dézingué

à l'aveuglette

dehors un arbre bouge

le monde tourne en rond

j’ai crevé pour de bon

les yeux des poissons rouges

j’ai bu leur sang mauvais

glacé comme tes larmes

c’est un jeu dont le charme

ne me lasse jamais

poker et carte à puce

il pleut je t’attendrai

en crevant pour de vrai

les yeux des lapins russes

je boirai leur chagrin

tenace et leur sang tiède

c’est un jeu qui m’obsède

et qui n’a pas de fin

social club

on m’a dit tu vas être

comme les autres sont

bon chien bon chat bon maître

bon client j’ai dit non

on m’a dit tu vas faire

comme les autres font

le job l’amour la guerre

semblant quoi j’ai dit non

on m’a dit tu vas suivre

comme eux la loi du livre

c’est la loi j’ai dit non

j’ai dit moi je veux vivre

sans masque et sans bâillon

et juste on m’a dit non

massif central

je suis de ses confins

de ses plateaux à vaches

d’où naissent les matins

quand l’aube se détache

je suis de ses bois noirs

de ses chemins d’estive

où se perdent les soirs

quand l’horizon s’esquive

je suis de ce pays

de ses eaux de ses puys

au silence insolite

à l’abri des fureurs

je suis de sa lenteur

quand tout se précipite